for the hell of it

(English below) « Je m’approchai du balcon et je me saisis d’un petit pot de fleurs, et quand l’homme reparut au débouché de la porte, je laissai tomber perpendiculairement mon engin de guerre sur le rebord postérieur de ses crochets ; et le choc le renversant, il acheva de briser sous son dos toute sa pauvre fortune ambulatoire qui rendit le bruit éclatant d’un palais de cristal crevé par la foudre.(1) » À la manière des enfants qui découplent les gendarmes (pyrrhocores) alors qu’ils rampent dans une danse asymétrique propre à leur espèce pour la procréation; ils prétendent vouloir les remettre dans le droit chemin, mais prennent surtout un malin plaisir à les décoller en pressentant la bestialité de leur action. Comme cuire les limaces. Comme brûler des voitures. Comme se murger la gueule ou tuer le ver, ce qui nous ramènerait au verre, celui qui s’explose à la fin du Mauvais Vitrier dont nous venons de lire l’extrait. Bien sûr il y a un penchant psychologique naturel à l’Homme qui pourrait se réduire par « un instinct de mort » ou plus mollement par « le goût du risque ». Comme James Dean qui se tue d’ennui au volant de sa Mercury jetée dans le grand décor de l’Amérique moderne. Mais ce ne serait pas juste de résumer nos inclinations destructives à une responsabilité individuelle uniquement. Le bruit d’un éclat de verre c’est l’alarme de la perturbation sociale, ou plutôt, c’est un matériel sonore utilisé comme modèle d’apprentissage à des intelligences artificielle afin de détecter des signes d’irrégularité. Un appel à l’ordre équivoque. Et si à la place des éclats de verre nous diffusions des voix ASMR susurrant l’autologisme « cccccassse casse casssse », alors peut-être pourrions-nous imaginer qu’être un.e casseur.x.euse ne désigne qu’exclusivement être un.e amateur.x.rice des « casseurs », la bande-dessinée policière des années 90. Mais cela ne ferait qu’adoucir les angles. Car briser la glace peut avoir beaucoup d’atouts. À mon égard le plus important est décrit par Jennifer Bajorek (2) comme l’interruption ou la désarticulation ironique de l’idéologie capitaliste causée par la destruction ou l’excès d’énergie qui vient transcender celleux qui casse. Lorsque l’irruption de la frivolité n’est pas préméditée mais qu’elle se justifie par une cause qui dépasse son auteur.x.trice. Sans accuser la totale coïncidence mais en remerciant l’intuition : for the hell of it, despite of myself, but for the good, the good of the hell ! 1 - Baudelaire, Le Mauvais Vitrier, 1855-64 2 - Jennifer Bajorek, Counterfeit Capital: Poetic Labor and Revolutionary Irony, 2008 ----------- « I went to the balcony and grabbed a little pot of flowers, and when the man reappeared at the door, I let my engine of war drop down perpendicularly on the back of his pack carrying glass. The shock knocked him over, and he ended by breaking his entire poor itinerant fortune under his back, which produced the brilliant sound of a crystal palace smashed by lightning.(1) » Like the children who decouple the gendarmes (pyrrhocoris) - as they crawl around in an asymmetrical dance for procreation specific to their species; they pretend to want to set them straight, but mostly they take a malicious pleasure in peeling them off, sensing the bestiality of their action. Like roasting slugs. Like burning cars. Like getting hammered or killing the worm, which would bring us back to the glass, the one that explodes at the end of The Bad Glazier, from which we have just read an extract (2). Of course, there is a natural psychological inclination among people, which could be described as an « instinct for death «, or more softly as «a taste for risk». Like James Dean killing himself with boredom at the wheel of the Mercury, thrown into the great scenery of modern America. But it would not be fair to reduce our destructive inclinations to individual responsibility alone. The sound of shards of glass is the alarm of social disruption, or, rather, it is sound material used for training artificial intelligence programmes to detect signs of irregularity, an equivalent call for order. And if instead of shards of glass, we would broadcast ASMR voices whispering the autologism «cccccccassse casse casssse», then perhaps we could imagine that being a casseur.x.euse would only mean being a fan of «casseurs», the police comic of the 90s. But that would only round out the picture. Because breaking the ice can have many advantages. To me, the most important is described by Jennifer Bajorek (3) as the ironic interruption or disarticulation of capitalist ideology caused by the destruction or excess of energy that transcends the breaker. When the irruption of frivolity is not premeditated but is justified by a cause that exceeds its author. Without blaming total coincidence, but thanking intuition: for the hell of it, despite of myself, but for the good, the good of the hell! 1 - Baudelaire, The Bad Glazier, 1855-64 2 - In French, “killing the worm” designate “drinking on an empty stomach”. Worm and glass are homonyms. 3 - Jennifer Bajorek, Counterfeit Capital: Poetic Labor and Revolutionary Irony, 2008