Charlotte Delval ; Louise Rauschenbach

EPIDERMIC

Project Info

  • 💙 QUATRE, artist run-space, Rennes
  • 💚 Vincent-MichaĂ«l Vallet
  • đŸ–€ Charlotte Delval ; Louise Rauschenbach
  • 💜 Vincent-MichaĂ«l Vallet
  • 💛 Vincent Girard

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Epidermic, QUATRE, artist run-space, Rennes, Exhibition view
Epidermic, QUATRE, artist run-space, Rennes, Exhibition view
DUO SHOW
Louise Rauschenbach, Ophélie (detail), installation, ceramic and fabric, 2023
Louise Rauschenbach, Ophélie (detail), installation, ceramic and fabric, 2023
Epidermic, QUATRE, artist run-space, Rennes, Exhibition view
Epidermic, QUATRE, artist run-space, Rennes, Exhibition view
Louise Rauschenbach,  Charonne (detail), installation, ceramic and fabric, 2023
Louise Rauschenbach, Charonne (detail), installation, ceramic and fabric, 2023
Charlotte Delval, Coucou, soap and golden chains, 2023
Charlotte Delval, Coucou, soap and golden chains, 2023
Epidermic, QUATRE, artist run-space, Rennes, Exhibition view
Epidermic, QUATRE, artist run-space, Rennes, Exhibition view
Charlotte Delval, Vase, soap and golden ring, 2023
Charlotte Delval, Vase, soap and golden ring, 2023
Louise Rauschenbach, Peelcore, fabric, 2023
Louise Rauschenbach, Peelcore, fabric, 2023
Louise Rauschenbach,  Charonne (detail), installation, ceramic and fabric, 2023
Louise Rauschenbach, Charonne (detail), installation, ceramic and fabric, 2023
Louise Rauschenbach,  Charonne, installation, ceramic and fabric, 2023
Louise Rauschenbach, Charonne, installation, ceramic and fabric, 2023
Epidermic, QUATRE, artist run-space, Rennes, Exhibition view
Epidermic, QUATRE, artist run-space, Rennes, Exhibition view
Epidermic, QUATRE, artist run-space, Rennes, Exhibition view
Epidermic, QUATRE, artist run-space, Rennes, Exhibition view
Charlotte Delval, Licorne, soap, 2023
Charlotte Delval, Licorne, soap, 2023
Epidermic est une exposition collective signĂ©e par Charlotte Delval et Louise Rauschenbach. Elle rĂ©sulte de la premiĂšre rĂ©sidence « Break » organisĂ©e par le QUATRE ARTIST RUN SPACE et ayant eu lieu en juillet et aoĂ»t 2023. Tout au long de notre existence, l’épiderme demeure un marqueur. Il changera de teinte en rĂ©agissant aux fluctuations de tempĂ©rature et aux inconforts occasionnels. C’est Ă  travers lui que s’échapperont nos fluides les plus intimes, transpirations, sang et pus. S’il nous enveloppe et nous protĂšge, c’est aussi lui qui s’altĂšre le plus vite. Lorsque l’on meurt, il se ternit, se nĂ©crose et pourri. Nos corps morts deviennent alors autre chose, ils s’enterrent et se dĂ©composent, ils se brĂ»lent et se rangent dans des urnes crĂ©Ă©es pour l’occasion. Aborder la mort, c’est souvent imaginer l’aprĂšs, tout du moins sa potentialitĂ©. C’est pourquoi la premiĂšre installation de Louise Rauschenbach convoque le mythe antique de Charon, le passeur des enfers qui moyennant une piĂšce d’or nous permet de traverser le Styx et rejoindre le royaume des morts. Un Styx sur lequel flottent des nĂ©nuphars pourvus de doigts crochus prĂȘts Ă  saisir qui s’y pencherait de trop prĂšs. Faut-il rappeler que ce plongeon s’il survenait, serait irrĂ©mĂ©diable ; car le Styx est lui-mĂȘme composĂ© d’autres affluents que sont le fleuve du chagrin, le torrent des lamentations et le ruisseau de l’oubli. Sur les berges de celui-ci, sur le sol et les parois auraient alors poussĂ© les sculptures en savon de Charlotte Delval. Ces derniĂšres ressemblent Ă  des espĂšces vivantes, vivaces et invasives. La matiĂšre qui les compose revĂȘt l’apparence d’une membrane, parfois suintant. Elles poussent, croissent et forment un dĂ©cor-monde irrĂ©aliste. Un coquillage VĂ©nus aux cheveux blonds, des langues duveteuses au bout desquelles pendent parfois des boucles d’oreilles devenues piercings. Autant de formes, accessoirisĂ©es, souvent sexuĂ©es dont on soupçonne qu’elles attendent de se reproduire. Elles pourraient tout autant ĂȘtre le dernier reflet des corps qu’elles auraient vu passer, s’ĂȘtre nourri d’eux et de leurs biens, car Ă  d’autres Ă©gards, elles Ă©voquent des objets du passĂ©. Ne serait-ce pas ces Ăąmes voyageuses, en route vers les enfers, qui s’en serait dĂ©lestĂ© avant d’embarquer ? Car certaines d’entre elles, ont Ă©tĂ© formellement inspirĂ©es par des cĂ©ramiques antiques, et Charlotte Delval nous les ressuscite sous une version Ă©phĂ©mĂšre et fragile, tĂ©moins amaigris de leurs anciens usages, mais pour autant toujours aptes Ă  jouer leurs rĂŽles de rĂ©ceptacles. Epidermic pourrait donc ĂȘtre le nom de ce nouveau territoire esquissĂ© par les artistes. Ce lieu oĂč il serait question d’abandonner nos vieilles peaux comme on se dĂ©laisse de nos oripeaux. C’est d’ailleurs ce dont il s’agit plus loin, lorsque l’on tombe sur ce corps en cĂ©ramique Ă  moitiĂ© allongĂ© rĂ©alisĂ© par Louise Rauschenbach. Ce personnage s’est-il lui-mĂȘme dĂ©lestĂ© de ce corps trop lourd ou est-il mort d’avoir touchĂ© ou senti l’une des sculptures qui l’entoure ? Par chance, on Ă©chappe Ă  l’odeur de cadavre en dĂ©composition pour sentir, par effluve, celle du savon. C’est ainsi que le dialogue entre les Ɠuvres se jouent de nous. Elles se complĂštent mutuellement, dĂ©possĂšdent et s’approprient des Ă©lĂ©ments que l’on penserait constitutifs de l’une pour les associer Ă  l’autre. Un corps mort devient une cĂ©ramique lisse, brillante, et un vase antique se voit affublĂ© de reste capillaire et d’une surface organique, grouillante. Autant de tricks qui nous rappelle « l’inquiĂ©tante Ă©trangetĂ© » formulĂ©e par Freud. Ne garder que l’épiderme c’est aussi concevoir le corps comme un rĂ©ceptacle. Le tueur en sĂ©rie Ed Gein dĂ©peçait ses victimes et conservait la peau pour en faire des costumes dans lesquels il venait se lover. Dans les Ɠuvres prĂ©sentĂ©es ici, on s’interroge Ă  notre tour sur les vides et les absences. Sont-ils autant de refuges et d’abris potentiels. La barque est vidĂ©e de son occupant et le corps n’est plus qu’une coquille vide. C’est aussi en partie le vide qui dĂ©finit les sculptures de Charlotte Delval qui apparaissent comme des chrysalides dont l’occupant aurait fini sa mĂ©tamorphose et aurait quittĂ© les lieux. En gardant le titre Ă  l’esprit, l’épiderme offre une comprĂ©hension des Ɠuvres exposĂ©es et des interrelations qui les sous-tendent, mais incite le spectateur Ă  parcourir l’exposition, animĂ© par une question simple et certainement insoluble. Si le vide invite Ă  penser la potentialitĂ© et la possibilitĂ©, c’est surtout qu’il nous convoque sans cesse. Dans ce dernier, dans les creux et les absences, quelle part de moi puis-je y mettre ?  Vincent-MichaĂ«l Vallet
Vincent-Michaël Vallet

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