Liselor Perez

Cent sommeils

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Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions1
Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions1
Prix Rubis Mécénat 2025
Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions2
Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions2
Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions3
Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions3
Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions4
Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions4
Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions5
Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions5
Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions7
Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions7
Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions11
Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions11
Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions12
Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions12
Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions13
Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions13
Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions14
Cent Sommeils, Liselor Perez, Beaux-Arts de Paris, courtesy Rubis Mécénat, église Saint-Eustache, 2025. Photo - InstanT Productions14
Des pantins et un bonhomme ont pris place dans l’église Saint-Eustache. Ils sont au nombre de quatre, répartis dans différents endroits de la nef principale et des chapelles latérales. Ils ne forment pas un groupe mais semblent appartenir à deux familles plus ou moins identiques : celle des pantins, partiellement constitués de tissus, et celle du bonhomme au corps solide. Toutes sont des œuvres, conçues, pensées par l’artiste Liselor Perez pour cette nouvelle collaboration entre Rubis Mécénat et les Beaux-Arts de Paris avec l’église Saint-Eustache. Au cours d’une longue période de recherche l’artiste a pris la mesure de l’église pour répondre à une problématique qui pourrait être résumée de la sorte : comment ces pantins, qui arborent généralement une attitude enfantine proche de l’univers de la poupée, peuvent-ils prendre place dans cette immensité de pierre, dans ce lieu de partage et de prière. C’est à partir d’un silence intérieur, de la matérialité même de l’église et de ses revêtements muraux, que Liselor Perez a dessiné des silhouettes mystérieuses qui tendent à se confondre avec l’environnement dont elles émergent. C’est le cas, précisément, d’un personnage qui arbore une posture de recueillement malgré sa taille plus grande que nature. Considéré comme « un gardien de l’église », il est quasiment assis au sol, bras encerclés autour de ces images, la tête dans ses pensées. Son corps est recouvert de jesmonite pour ainsi se confondre dans le pilier derrière, ou plutôt, pour donner l’impression qu’il en émerge. Car, dans le travail de Liselor Perez il n’est pas question de camouflage, ni même de simulacre. Elle vient davantage sculpter un point de jonction entre l’œuvre et son environnement pour faire décoller un imaginaire, ici proche de la science-fiction. L’œuvre, en cela, induit une spéculation sur les raisons de la présence du personnage, redoublée d’une interrogation sur les nombreuses ornementations qui recouvrent son corps : bras colonnes, torse brique, feuille d’acanthe qui court sur l’épaule et faisceau sur le visage. Cette grammaire architecturale et ornementale est aussi celle de l’église, signalant une interprétation libre d’un classique du maniérisme avec la sculpture de l’Inachevé de Michel Ange, dont la posture semble émerger tout droit de la roche spongieuse qui l’épouse. Liselor Perez nous murmure également qu’il est impossible d’extraire l’être humain de son contexte. Dans une époque qui réfute le hors-sol, cela va de bon ton. Plus loin, dans une des chapelles latérales, un être-pantin semble tenir dans une position d’équilibre. Tout comme le bonhomme à la colonne, il est seul. Mais ici son corps est traversé par une dynamique fragile qui le maintient, légèrement, en position debout. Là où le silence enrobait l’être de pierre, ce pantin se voit affublé d’une lumière. Son visage devient le réceptacle d’un éclairage-vitrail, entretenant ainsi un lien avec les panneaux de verres sertis et assemblés qui se trouvent au-dessus de nos têtes. Là encore, il s’agit de faire jonction avec le pantin et son environnement, d’absorber les motifs qui l’entourent pour le couvrir d’une parure. Ici, les espaces ajournés se font plus nombreux. Pour l’artiste c’est une invitation à la rêverie, une fenêtre sur un monde. De même, les motifs en volumes qui apparaissent lorsque nous nous rapprochons de ces êtres-pantins, nous dévoilent quelques secrets. Et jusqu’où pouvons-nous aller dans leur intimité ? Dans un troisième lieu, au-dessus de tombes et dans l’entrebâillement d’une porte qui semble condamnée, l’artiste a disposé un autre pantin, qui, cette fois, semble réuni dans une conversation secrète avec un partenaire. Assis, vulnérables, ils n’en demeurent pas moins campés dans un silence narratif qui nous amène au-delà de la simple représentation. Ce que nous voyons est aussi un sentiment, une atmosphère, une interrogation incarnée sur le sens de l’être et l’autre. En cela, l’artiste se place en digne héritière de pratiques sculpturales affectives, qui caractérisent notamment le travail de Cathy Wilkes ou de Gisèle Vienne. Le pantin n’est pas la métaphore de la manipulation, il est le lieu d’une métaphysique.
Julia Marchand

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