Archive 2021 KubaParis

Weeping Sun

Weeping Sun, outdoor view, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet), Sainte Anne Gallery, Paris
Weeping Sun, outdoor view, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet), Sainte Anne Gallery, Paris
Weeping Sun, exhibition view, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet), Sainte Anne Gallery, Paris
Weeping Sun, exhibition view, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet), Sainte Anne Gallery, Paris
Window Plant, 2021, Xolo Cuintle, concrete, steel, tin, 70 x 48 x 35 cm, (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Window Plant, 2021, Xolo Cuintle, concrete, steel, tin, 70 x 48 x 35 cm, (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Weeping Sun, exhibition view, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet), Sainte Anne Gallery, Paris
Weeping Sun, exhibition view, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet), Sainte Anne Gallery, Paris
Three Blossomed Chandelier, 2021, detail, concrete, steel, tin, 55 x 60 x 50 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Three Blossomed Chandelier, 2021, detail, concrete, steel, tin, 55 x 60 x 50 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Three Connected Roots, 2021, concrete, 62 x 40 x 5 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Three Connected Roots, 2021, concrete, 62 x 40 x 5 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Soft Acanthus, 2021, concrete, steel, tin, 57 x 80,5 x 32 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Soft Acanthus, 2021, concrete, steel, tin, 57 x 80,5 x 32 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Central Root, 2021, detail, concrete, steel, 80 x 97 x 5 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Central Root, 2021, detail, concrete, steel, 80 x 97 x 5 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Weeping Sun, exhibition view, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet), Sainte Anne Gallery, Paris
Weeping Sun, exhibition view, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet), Sainte Anne Gallery, Paris
Ricocheting Flower, 2021, concrete, steel, tin, 35 x 37  x 192 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Ricocheting Flower, 2021, concrete, steel, tin, 35 x 37 x 192 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Ricocheting Flower, 2021, detail, concrete, steel, tin, 35 x 37  x 192 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Ricocheting Flower, 2021, detail, concrete, steel, tin, 35 x 37 x 192 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Screaming Root, 2021, concrete, steel, 13 x 24 x 6 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Screaming Root, 2021, concrete, steel, 13 x 24 x 6 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Sprouting Flower, 2021, concrete, steel, tin, 30 x 46 x 50, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Sprouting Flower, 2021, concrete, steel, tin, 30 x 46 x 50, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Sprouting Flower, 2021, detail, concrete, steel, tin, 30 x 46 x 50, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Sprouting Flower, 2021, detail, concrete, steel, tin, 30 x 46 x 50, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Canine Anastomose, 2021, concrete, 17 x 24 x 4 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Canine Anastomose, 2021, concrete, 17 x 24 x 4 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Weeping Sun, exhibition view, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet), Sainte Anne Gallery, Paris
Weeping Sun, exhibition view, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet), Sainte Anne Gallery, Paris
Resting Ladies, 2021, concrete, 41 x 24 x 5 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Resting Ladies, 2021, concrete, 41 x 24 x 5 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Peeking Dog, 2021, concrete, 20 x 24 x 5 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Peeking Dog, 2021, concrete, 20 x 24 x 5 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Weeping Flower, 2021, detail, concrete, tin, 18 x 15 x 15 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)
Weeping Flower, 2021, detail, concrete, tin, 18 x 15 x 15 cm, Xolo Cuintle (Romy Texier and Valentin Vie Binet)

Location

Sainte Anne Gallery

Date

13.10 –12.11.2021

Photography

Xolo Cuintle

Text

Depuis le haut de la contrescarpe, d’un demi œil il scrute, depuis cet ultime repli, le plateau désertique et poudreux, paysage non-stop, où l’hiver carbonisé lui semble avoir recouvert d’éternité l’horizon d’une nappe gris de cendre. La nuée trop rapide brasse le sol et fond sur les reliques du parapet coiffé de balustres, machins résiduels ou quasi rocaille zoomorphique qui habillent, comme une crête malhabile ou une collerette faite de clous, le fossé profond. Vestiges qui le masquent, affalé dans le haut des marches, l’œil tourné vers cette masse qui se précise si, trop, rapidement. Une meute plutôt qu’une masse. Elle avance vers lui et agite du sol cette matière instantanément atmosphérique, lancée frénétiquement vers la multiplicité de modénatures qui l’abrite. Menaçants, les bouts de membres surgissent énervés du maelström et sont sitôt ravalés, aussi sauvagement qu’ils en saillaient. L’amas de poussière qui vient converge. La lumière écrase le gris spectral, le son est tapi, étouffé dans cette odieuse poussière. L’inéluctable se signe de l’absence de toute empreinte d’un son dans l’espace. Rien. Derrière lui, tout autant, rien. De contrescarpe finalement, il s’agit plutôt d’une falaise, raide, verticale, calleuse et méchante ; les quelques marches qui subsistent laissent de quoi amorcer la descente, mais trop vite la descente devient chute et le vide laissé par l’écroulement de la construction empêche tout accès à l’étage d’en dessous, c’est-à-dire le fond plat et humide de la gorge. Reculer, c’est crever. La meute l’acculerait, il ne saurait que chuter et rejoindre à la vitesse verticale, pomme lestée, foutue et sordide, le sol intransigeant de cette croute molle de terre ; finir comme une pauvre mélasse aqueuse dans les porosités de la crevasse. La facture des marches lui apparaît comme trop ornementale pour la situation, chiadée et secondaire dans le cas présent. Si près du bord. Superfétatoire, pense-t-il, mais pourtant il s’y accroche. Il se perd volontairement, activement dans les grains et méandres des reliefs qui l’entourent, préfixé par le précipice. La meute se rapproche, il le sent, le grain volatile qui se déplace à la vitesse d’un vent violent porte à son nez l’humeur musquée d’une troupe d’organes suants. Ces loups. Il ferme son œil. Ses mains s’assurent des signes finement taillés, s’assurent qu’il est encore là, lui, à la lecture de cette archéologie soudaine et rêvée, cramponné à ces quelques fragments d’architecture encyclique. Il domestique les ornements pâles. Le récit des courbes et des déliés l’absorbe. Moins livide, moins merdeux, il reprend sa position de scrutateur, décidé à voir venir les autres. Le vent s’est renversé. Comme à l’avant-poste, il rouvre l’œil, à demi. Le décor lui apparaît finalement rustique, le paysage plat, à l’infini, désert de grisaille, laisse apparaître des plantes qu’il n’avait pas, comme cristallisées d’une même pâte, ni céramifiées, ni crues, ni cuites, vues. Le vent a dégagé la plaine. Et au loin, une dune aussi improvisée qu’irrégulière érige un nouveau bord. La horde même est époussetée : de petits chiens brossés gambadent et se mordillent les pattes. L’occurrence faisant la profession, il s’interroge : la végétation lacustre inversée à la surface du lac asséché trace par rhizomes et contreperformances une arborescence curieuse. Ni flore, ni décor, ni souillure. Une vie lente. Les réseaux ornementaux sont hybrides, comme une grille invisible qui guide les ramures d’un poirier, mais ici les retours et boucles sont paradoxaux. Il cherche le mot juste qui donnerait à penser ces évidents dysfonctionnements, et maintenant qu’il a domestiqué les canidés du regard, il se plait à divaguer sur la terminologie des fleurs, fêlures et câblages phytomorphiques qu’il observe. Une chose frappante, balustres et branches sont du même substrat. Auto engendrement, interminable anastomose qui recouvre le lit du lac. Etrange mobilier, ces rameaux fabriquent par tresses spécieuses, un filet, une nasse géante, déterré sans égard et jusqu’alors souterrain. D’un outre temps ?  Une goutte perle. Une seconde lustre le sol. Une troisième. Les chiens s’abritent. Aucun nuage pourtant, un climat d’albâtre. Les gouttes tombent et suintent sur les pétales, sur les commissures, les reliefs, les ronces, les arches, sur les petits toutous tournés sur eux mêmes, en masses énamourées. Le soleil mouillé trempe la scène. Ce théâtre, car sinon quoi, bouleverse l’œil mi clos. Le champ de sculptures sonne l’angélus de l’ensemble oublié. Une hypothèse lui traverse l’esprit : ces êtres agglomérés, formes portées à la peau de cette pierre bizarre, sont le miel de ce soleil pleureur. Et si le vent venait de l’œil ? Contrescarpes (Octobre 2021), Mathieu Buard

Mathieu Buard